
Le cuisinier en chef de l’Ambassade de France près le Bénin, Aristide C. Hounkponou a récemment participé à une compétition culinaire d’envergure dans l’hexagone précisément à Marseille. Il s’agit des rencontres culinaires de Marseille. De retour au bercail, il s’est confié à la presse et a livré ses impressions.
KANBIO24.INFO : Vous étiez en France pour donner une prestation culinaire lors d’un événement de taille. De quoi il s’agit de façon concrète ?
Aristide C. Hounkponou : J’étais à Marseille en France pour aller représenter le Bénin sur une expédition culinaire. Je n’étais pas le seul béninois. Il y avait également Georgiana Vihou et Gloria Koessi-Govor et un producteur d’ananas. J’ai été sollicité par une association qui a organisé un événement qu’on appelle « Les rencontres de Marseille et la cuisine Africaine ». Sur ce marché, j’ai valablement défendu les couleurs culinaires béninoises en présentant le plat du Bomiwô que j’ai valorisé en deux versions. En dehors de cela, j’entendais souvent dire que les africains n’ont pas de dessert. Mais moi j’ai prouvé le contraire sur l’événement en présentant une variété de dessert. J’ai déjà eu l’occasion de parcourir tout le Bénin pour aller faire mes recherches sur nos différents mets. Au cours de cette recherche, j’ai enregistré des recettes de desserts naturel propres à l’Afrique et au Bénin. J’ai travaillé notre Akpan Glacé autrement et j’ai utilisé aussi les chocolats fabriqués chez nous pour impacter à ma manière l’événement.
Quel est le retour que vous avez eu sur les différents plats présentés?
Le retour que j’ai reçu est très positif. Parce qu’au cours de ce Mater Class tu cuisines en live devant le public. Alors, en même temps qu’ils sont en train de déguster le plat, ils te donnent le retour en même temps. Ils te posent des questions, ils cherchent à comprendre. Et là moi j’ai eu l’occasion d’enfoncer le clou. C’est-à-dire que j’ai valablement défendu la culture béninoise à travers les odeurs et saveurs. J’ai réussi à leur montrer que je suis allé puiser une logique culinaire dans la culture Vodun qui est tout le temps ridiculisé et salit. Le Bomiwô est une ration alimentaire vodun. Et je pense qu’à l’occasion j’ai réussi à leur faire savoir cela en leur fournissant des explications assez riches sur tout le sens que ce plat a dans le couvent vodun. J’ai aussi réussi à leur démontrer que cet aliment est purement diététique.
Nous savons que les Européens évitent beaucoup l’art culinaire africaine à cause de la non maîtrise des composantes. Comment est-ce que vous êtes parvenu à vous défendre ?
Je tiens à dire un sincère merci au gouvernement béninois qui fait beaucoup pour cette culture culinaire, à travers le projet Arch. Alors sur la question en Afrique nous avons notre façon de cuisiner, de manger et nous avons aussi nos compositions. Chez eux, ils jouent beaucoup plus sur la technique où tout est mesuré dans la cuisson. Que ça soit le sel, l’huile, le piment, et autres. C’est la même méthode que j’ai aussi utilisée en préparant le Bomiwô. Je leur ai montré que pour préparer le Bomiwô nous avons la possibilité de le faire avec deux variétés de maïs. Il y a le maïs rouge et le blanc. Pour le faire, j’ai mixé les deux. Puisque pendant mes recherches j’ai déjà eu à préparer le blanc à part et le rouge aussi à part. En ce moment j’ai vu les différents résultats. Et pour également valoriser nos producteurs à l’assiette, j’ai préféré aller avec les deux farines directement en utilisant une fiche technique, ce qui m’a donné un résultat extraordinaire.
Après cette expérience, avez-vous le sentiment que nos ingrédients de la cuisine africaine ont la chance d’être labellisés ?
Bien sûr, je dirai même que nos produits culinaires ont une très grande chance de connaitre une éclosion. Juste que nous devons croire réellement en notre culture et la porter haut. C’est ce j’ai fait sur cette belle aventure culinaire. J’ai amené là-bas l’huile d’arachide d’Agonlin que j’ai mise en valeur, puisque ce sont nos mamans qui produisent ça. Je suis parti aussi avec le Fonio du Nord Bénin sans oublier l’amande d’Acajou que j’ai utilisée dans le dessert J’ai amené le Zomi de Gadomey, le Gari Assohoui de Savalou. Parce que Savalou reste cette région de notre pays qui valorise le mieux nos variétés de tubercule. J’en ai profité pour leur demander avec enthousiasme de venir visiter le Bénin. Je vous assure les blancs étaient stupéfiés. Sur cette expédition, j’ai également mis en relief notre Amazone à travers de petits spécimen en miniature autour desquels j’ai retracé l’histoire en leur faisant remarquer que c’est notre tour Effel au Bénin.
Bref j’ai quand même réussi à leur imposer la logique de la cuisine africaine et ils ont beaucoup aimé. Et le chapeau de Chef que j’ai porté à l’occasion est fait du raphia des Zangbéto, alors sur les différentes questions qui sont venus à ce sujet j’ai profité pour leur parler de ce masque qui nous est cher, le Zangbéto connu sous le vocable de Gardien de nuit. Sur le coup, ceux qui ont été séduits par mes explications en ont demandé et j’ai offert le lot que j’ai amené. Je tiens tout de même à rappeler que sur cette aventure j’étais aux côtés d’une autre amazone de la cuisine qui elle a valorisé l’ananas, il s’agit de Georgiana Vihou avec qui j’ai déjà fait le Top Chef ici à Cotonou.